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 Tahir | Run&Hit - 100%

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Tahir Khitrov


Tahir Khitrov

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MessageSujet: Tahir | Run&Hit - 100%   Tahir | Run&Hit - 100% EmptyMar 14 Aoû - 9:43




Tahir &Khitrov


Citoyen & Cybèle
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    Présentation


    Nom ♦ Khitrov
    Prénom ♦ Tahir
    Age réel ♦ 20 ans
    Age apparent ♦ Une vingtaine également, il ne semble pas encore être très sensible au pouvoir d'Horatius
    Sexe ♦ Masculin

    Quartier ♦ Cybèle
    Fonction ♦ Citoyen
    Orientation sexuelle ♦ Homophobe et misogyne. Live simple.
    Tic ou habitude ♦ Dans certaines situations, il passe son temps à entourer son poignet droit des doigts de sa main gauche, comme pour faire passer une sensation désagréable.


Caractéristiques


Description physique ♦ Tahir n'est certainement pas un garçon qui brille par sa beauté. Tout d'abord, il ne viendrait à personne, à moins qu'il s'agisse de quelqu'un de tout particulièrement étrange, d'associer le verbe briller à Tahir. Le jeune homme préfèrerait sans aucun doute cent fois subir les affres du Tartare que de se retrouver sous le feu des projecteurs - ou pire, porter une veste à paillettes. Je vous en prie, ne pensez plus à évoquer ce genre de chose. Il en va de sa survie. D'autre part, il ne participe pas de ce que l'on qualifie communément de canons de beauté : les traits fins, les yeux clairs - il n'a rien de tout cela, et, de plus, ne prête pas vraiment attention à son apparence.
Par chance, il n'est pas très sensible au pouvoir d'Horatius, pour l'instant seulement peut-être, et fait tout à fait ses vingt ans. Son apparence physique est marquée par son ascendance : des générations auparavant, ce qui allait former sa famille est arrivé de Russie et d'Afghanistan, et il en a gardé certains traits. Il a les yeux légèrement en amande, presque bridés, marque de la Russie orientale, et le nez droit, peut-être légèrement aquilin. De même, ses yeux, sa peau, ses cheveux, sont aussi sombres les uns que les autres. Ses prunelles, sans doute, sont les plus impressionnants ; leur brun est si foncé qu'il en paraît parfois noir. Mais ses cils sont étonnamment longs, seuls éléments féminisés dans ce visage, et noircissent encore ce regard qui se détourne rarement.
Il regarde, oui, avec une sorte d'attention posée, comme pour étudier un sujet surprenant. Il est tout particulièrement attentif à ce qui est différent de lui, lui dont les gestes sont si posés, qui n'aime pas faire des mouvements en trop. Rester immobile lui semble préférable à s'agiter inutilement ; c'est ce qui influence sa façon de se déplacer, et de regarder les gens. On pourrait imaginer un regard nerveux ; il n'en est rien. Il supporte la lumière du soleil avec une aisance peu commune, et possède une vue excellente, grâce à laquelle il discerne sans difficulté des détails peu remarqués des constellations.
Ses cheveux sont aussi noirs que ses yeux - plus, en fait, véritablement de jais ; il s'agit sans doute là d'un héritage afghan. Courts sans l'être trop, ils s'éparpillent en boucles brunes, que le jeune homme coiffe avec ses doigts quand il y pense. Quant à ses lèvres, elles n'ont, elles non plus, rien d'occidental, mais se remarquent sans doute comme la seule véritable sensualité de ce visage. Cette bouche n'est pas rose, mais d'une rougeur brune, ciselée plus que dessinée au-dessus de la ligne de la mâchoire, masculine et ferme - non pas lourde pour autant. Lourdes, ses paupières le sont également, bien que de façon peu marquée ; et cela accentue cette beauté étrange qu'exprime le visage de Tahir. Il possèderait une sorte de grâce orientale, peut-être, mise en valeur par des pommettes sculptées comme dans de la pierre, qui ont ôté aux joues du jeune homme les rondeurs de l'enfance.
Quant à ses vêtements - son armoire, peu conséquente, est composée de pièces dénuées de toutes couleurs voyantes, auxquels il préfère les noirs, bruns et autres gris. Il serait mal à l'aise, sans doute, dans des couleurs plus claires. Ces vêtements légers mettent en évidence, bien involontairement, un corps mince à la musculature sculptée sans excès. Il est à l'aise les bras nus, et l'on ne peut que l'en féliciter tout à fait : des bras puissants, dénués pourtant de cette exagération propre à ceux qui exercent leur force - une minceur sculptée sans apprêt, à l'image du reste de son corps. Au bout de ses bras, des mains aux paumes larges, aux doigts longs et minces comme en ont les musiciens. Ces doigts-là auraient sans doute été tout à leur aise sur l'archet d'un violoncelle ou sur les cordes d'une basse - mais, malheureusement ou non, ils sont plus habitués à manier un couteau qu'un instrument de musique.

Description mentale ♦ « J’aurais jamais cru que ce serait si facile. »
Il vient de faire ce qui a toujours été interdit – passer outre les murs, entrer dans un autre quartier sans se faire enregistrer. Emmener avec lui un groupe, une dizaine de personnes peut-être, et les guider jusqu'à ce qu'elles soient passées sans danger. Il est habile à ça, la force de l'habitude. Il a été attentif aux leçons d'Isidore.

C'est à cause de cette pratique, sans doute, qu'il se montre toujours si hostile aux manifestations d'autorité officielle. Se tenir à l'écart des forces de l'ordre a toujours été instinctif chez lui, et il y a toujours été plutôt habile, malgré une tendance effarante à la malchance. Mais sa discrétion tempère cette faiblesse, heureusement pour lui ; il n'est pas vraiment de ceux que l'on remarque dans la foule, et sait éviter de se faire voir lorsque c'est nécessaire.
Du reste, il n'aime pas se donner en spectacle. Il n'est pas un héros, pas un acteur ; il n'a rien de ceux qui mènent les révoltes, et demeure bien plutôt là où il est, en silence, pour poursuivre son œuvre. C'est un jeune homme posé, qu'il faut bien dire peu loquace, sans en être pour autant timide - réservé serait un mot plus juste. Plus habitué depuis quelques années à la compagnie des jeunes gens de son âge, il n'est jamais allé à l'école ; là encore, la méfiance flagrante d'Isidore à l'égard des structures proposées par le système a influencé sa façon de vivre. Ce n'est pas plus mal, sans doute ; cela aurait de beaucoup facilité son arrestation, ou du moins celle de son protecteur. Quant à l'éducation, c'est ce dernier qui s'en est principalement chargé, ainsi qu'un citoyen d'Edwin, bienveillant envers la cause du vieil homme, qui avait longtemps été professeur. Bien qu'il lise lentement, il aime assez cela, et est bien plus doué en mathématiques que ce que l'on attendrait d'un garçon qui n'a jamais eu de parcours scolaire. Ce qu'il préfère, pourtant, il ne l'a pas appris ainsi ; c'est Isidore qui lui a donné le goût de l'astronomie. L'homme était un passionné depuis son plus jeune âge, et a transmis ce goût à son protégé. Tahir a appris le nom des planètes, des étoiles, des constellations et des galaxies avec une aisance étonnante ; il faut croire qu'il est doté d'une bonne mémoire. C'est peut-être cette activité, la seule observation du ciel, qui lui a donné cette prédilection pour le calme.
Et pourtant, malgré ce caractère posé, il fuit perpétuellement - l'habitat à Cybèle pour éviter l'administration de Point du Monde, le soin qu'il apporte à éviter de croiser des filles trop souvent...
Quant aux relations, le sujet pose un peu trop de problèmes. Absolument persuadé que le genre féminin est maléfique, fourbe et monstrueux, l'idée d'une relation hétérosexuelle est pour lui parfaitement inconcevable. Une certaine logique voudrait que, n'aimant pas les filles, il se consacrât à aimer les garçons - raté. Son point de vue à ce sujet est le symbole le plus marquant de son manque d'ouverture d'esprit, puisqu'il considère qu'une telle relation serait tout à fait contraire à l'ordre des choses, ou du moins à son ordre de ses choses.
De toute façon, même si le contexte s'y prêtait, il ne serait pas de ceux qui attirent l’œil et le gardent, et n'aurait sans doute pas franchement de succès amoureux. Tout est pour le mieux, donc - il reste seulement cette obstruction à oublier. Au final, on peut peut-être considérer que ce n'est pas vraiment l'hétérosexualité ou l'homosexualité qui le dérange, mais bien plutôt l'idée de soumettre sa volonté à quelqu'un. S'affaiblir n'est pas dans ses projets, de quelque façon que ce soit.
C'est la peur qui tient une grande place dans cette façon de considérer ce qui est juste ou non. Ses idées sont tout particulièrement arrêtées, et, s'il est capable de reconnaître ses torts, il est certains sujets sur lesquels il se montrera terriblement entêté. La peur, oui, joue ce rôle de mur entre lui et nombre de choses - une peur qui se transforme peu à peu en mépris, dans le cas des gouvernements et des institutions, ainsi que de ceux qu'il appelle, avec une sorte de rire malaisé dans la voix, les vieilles filles. Ces dernières ne sont pas forcément de sexe féminin ; il s'agit d'une appellation généralisée, qui désigne ceux qui croient encore aux légendes concernant les monstres, les Élus et autres contes ridicules.
Mais, dépassant tous ces a-priori, que lui-même apprendra sans doute, avec un peu de bonne volonté - ce dont il manque cruellement, il faut l'avouer -, à dépasser également, l'on trouverait en lui un ami fidèle, prêt à se battre pour ceux à qui il tient, prêt aussi à tenir tête à plus fort que lui. D'autant qu'il ne se met pas si facilement en colère, et, s'il procède à des jugements hâtifs, ne prend pas d'autre décision à la va-vite. Il fait ce qui lui paraît juste, toujours.

Signe particulier ♦ De nombreux aspects de sa personnalité sont marqués par son étroitesse d’esprit, tels que sa sexualité ou son scepticisme au sujet des évènements surnaturels. Il s’accroche à ce qu’il connaît, et à ce qu’il est en mesure d’accepter, sans en admettre vraiment de raison. Peut-être est-ce, tout à fait banalement, une façon de se protéger, bien que l’on puisse également supposer qu’il est tout simplement con.
Histoire


Histoire ♦ Très longtemps auparavant, il y eut des Chasseurs venus de l’Est dans la famille de Tahir. Cela doit remonter à environ deux centaines d’années ; il n’y a aucun moyen de vérifier. De toute façon, l’histoire de l’arrivée des Khitrov au Point du Monde s’est perdue depuis longtemps. Ses parents étaient tous deux des Citoyens d’Edwin, tous deux pauvres comme Job. Ils avaient en commun une identité très ancienne ancrée dans les prénoms qu’on leur avait donnés : l’homme s’appelait Vlad, appellation typiquement russe, et la femme Zohre, venant manifestement d’Afghanistan. Les deux familles avaient fini par tout oublier de leurs ascendances, comme beaucoup à Point du Monde, et les noms étaient les seuls signes qui restaient de leur passé à l’extérieur, dans le monde.

Isidore, lui, était également citoyen, affranchi depuis longtemps de l’appartenance à quelque quartier que ce soit. Il circulait librement – autant qu’il était possible du moins au Point du Monde. Il était l’aîné de Vlad et de Zohre d’environ quinze ans, et les avait rencontrés quelques années plus tôt, lorsqu’il faisait circuler des vivres à travers les différents secteurs. Le couple menait à Edwin une vie, sinon misérable, du moins peu enviable ; le quartier réputé pour ses inestimables technologies montrait peu de compassion envers ceux qui n’avaient pas les moyens de les obtenir. Isidore était, de longue date, un très bon ami de Zohre. Il la connaissait depuis de longues années, et n’avait jamais osé lui déclarer son amour, bien entendu ; cela n’aurait fait de toute façon que gâcher leurs relations, et l’attrister. Zohre n’était pas le genre de personne à profiter de ces choses. Il lui rendait parfois visite, et se montrait toujours d’une compagnie délicieuse pour les deux jeunes gens. Son visage ingrat, aux cheveux précocement gris, était animé d’une douceur sans borne lorsqu’il entrait chez eux.

La lettre lui arriva un jour d’été. Dans son local temporaire, situé sur une ruelle de Skuld, il se faisait parvenir son courrier, adressé un peu au hasard, par les nombreux contacts qu’il avait établis dans les différentes régions de Point du Monde. Il passait pour connaître même des gens à l’intérieur de Migdal. Il avait trente-neuf ans, et l’année avait été particulièrement difficile. Une disette frappait ceux d’entre les habitants qui n’avaient pas de quoi se procurer assez pour vivre confortablement, et même chez ceux qui en avaient les moyens, ces derniers mois avaient été tendus. Comme chaque fois qu’il apercevait sur le papier l’écriture maladroite de Zohre, il déchira l’enveloppe au moyen d’un coupe-papier de cuivre, trésor déniché dans l’une des brocanteries de Skuld, et en arracha presque la lettre qu’elle contenait.
Cher Isidore, lui disait-elle, elle venait d’avoir un bébé. L’homme sembla se ratatiner un peu sur sa chaise. Quelle pire période y avait-il pour mettre au monde un enfant que celle-ci ? Mais elle le priait, le suppliait de venir leur rendre visite, à Vlad et à elle ; elle avait quelque chose de très important à lui demander.
Il vint. Sur le quai ostensiblement moderne de la gare d’Edwin, il s’attendait à découvrir une femme brisée, effrayée. Le ton du courrier ne laissait place à aucune ambiguïté ; il découvrit au-devant de lui une jeune femme radieuse, aux joues arrondies par la grossesse, aux yeux brillants de soulagement. Elle le mena dans l’appartement qu’elle et son époux occupaient, et, pour la première fois, Vlad se montra d’une hostilité déclarée envers le nouveau venu. Ce ne fut que tard dans la soirée qu’elle lui apprit ce qu’elle attendait de lui ; l’homme au fond de la pièce était debout près du berceau de Tahir, son regard sombre posé sur lui. Il sembla à Isidore que Vlad allait pleurer, mais au vu du manque d’électricité, comment en être sûr ?
Il partit avec l’enfant, comme Zohre le lui avait demandé. Sa joie, au moment du départ, il ne l’oublierait pas de sitôt, ni la rancune sur le visage du Russe.

Il n’expliquerait jamais à Tahir qu’elle avait plaidé deux longues heures, le suppliant, lui disant qu’il n’aurait jamais de vie confortable s’il restait ici avec eux. Ils n’avaient rien les moyens de lui offrir, pas même une alimentation décente. Lorsqu’il avait commencé par refuser, elle s’était effondrée, et il ne restait pas une ombre de la jeune femme pleine d’espoir qui l’avait accueilli plus tôt dans la journée. Il ne lui expliquerait jamais non plus que Vlad s’était tenu silencieux, les muscles de la mâchoire serrés à l’excès, parce qu’il savait que protester détruirait la détermination de sa femme, et qu’elle avait raison. Et il ne lui expliquerait jamais qu’elle avait pleuré aussi lorsqu’il avait accepté.

Il emmena Tahir, pour le confier à une famille. C’était un gosse, il ne pouvait pas s’en charger. Il contacta un homme qu’il connaissait, un homme stérile qui habitait aussi Edwin. Il s’était dit que, de cette façon, l’enfant ne serait pas trop éloigné de ses parents, qu’il pourrait les voir. C’était une idée idiote, parce qu’il finirait par comprendre que jamais il ne parlerait à Tahir de ses parents laissés en arrière dans leur appartement miteux pour que lui, le gamin, puisse vivre une bonne vie. L’homme avait une femme, et ils adoptèrent Tahir avec empressement. Isidore les connaissait bien, ils étaient capables de l’élever, de lui donner une bonne éducation, et puis c’était des gens que lui-même respectait.
Tahir resta avec eux quatre ans. Il se révéla un enfant calme et réfléchi, fixant le monde de ses yeux d’un brun très foncé. Comme tous les petits garçons, il avait de jolis traits, mais des cheveux bouclés, et puis une peau plus sombre que la majorité des habitants de Point du Monde – et notamment d’Edwin, dévoués qu’ils étaient à leur technologie. Malgré les générations qui s’étaient succédées, son visage gardait les caractéristiques de ses ancêtres : ses yeux légèrement en amande, ses pommettes saillantes de Slave, et puis la peau olivâtre et les lèvres presque dénuées de rouge de sa mèreSa nouvelle famille d’accueil l’aima sans condition. Isidore leur rendait souvent visite, et il l’emmenait, bien qu’il soit à l’époque trop petit pour en garder plus tard des souvenirs, regarder les étoiles, tradition qu’ils honorèrent toujours.

Même s’il n’y avait pas eu de problème, Tahir ne serait sans doute pas resté longtemps chez sa famille adoptive. Isidore était recherché par la police – celles de Surt et d’Edwin notamment, et conserver quatre ans de suite des liens réguliers avec une famille faisait courir un risque certain à celle-ci. Mais l’attaque du monstre accéléra sans aucun doute le processus.
A cette époque, on racontait qu’une bande de harpies particulièrement malfaisante s’attaquait à Edwin – officiellement, bien sûr, il ne s’agissait que de meurtres irrésolus. Une délégation de Chasseurs avait été dépêchée dans le Quartier, mais rien n’y faisait. La famille de Tahir eut de la chance ; lors du sac de leur petit appartement, ils étaient absents. Ils retrouvèrent l’immeuble trop endommagé pour ignorer ce qui s’était passé, et la majorité des habitations qu’il abritait dévastées, la leur y compris.
Ils furent navrés de contacter Isidore, de lui dire qu’ils ne pouvaient plus garder Tahir. Ce drame les avait entièrement ruinés, et ils allaient mettre bien trop de temps à reconstruire. Isidore reprit l’enfant avec lui.

Il ne le garda que quelques mois, le temps de trouver quelqu’un qui accepterait de le prendre en charge. Il se décida enfin à lui faire passer la frontière – de façon clandestine, puisque lui-même avait perdu toute existence officielle bien longtemps auparavant, et que la naissance du petit garçon n’avait jamais été déclarée. Cela se fit facilement, bien sûr, bien que l’homme ait appréhendé le moment clef. Si son fils se faisait arrêter, Zohre ne lui pardonnerait jamais.
Isidore mit longtemps à se débarrasser de cette appréhension. Mais sa propre habileté aidant, ils refirent souvent de nombreux voyages, notamment lorsque les familles décidaient qu’il était trop risqué pour elles d’accueillir plus longtemps l’enfant. Il fallait aller toujours plus loin pour trouver des volontaires. Isidore les payait, quand il pouvait. Jusqu’à environ huit ans, Tahir habita chez cinq familles différentes. Certaines avaient des enfants, d’autres non ; le dernier couple, demeurant dans une riche demeure au centre-ville d’Edwin, avait deux filles.

Tahir ne les aimait pas. Plus taciturne que ses camarades, il s’accordait mal à ses demi-sœurs, pipelettes avérées, dotées de plus d’une curiosité à toute épreuve. De leur côté, elles se moquaient de lui pour sa peau mate, elles qui vivaient dans le cocon technologique d’Edwin, de ses yeux en amande, et de sa solitude. Un garçon qui préférait passer son temps sur le toit ne pouvait pas être tout à fait normal. Puisqu’il ne jouait pas avec elles de son plein gré, elles ne lui laissèrent pas le choix ; il fut souvent la cible de leurs jeux. Elles invitaient leurs amies et riaient de lui comme seuls les enfants savent rire, avec une parfaite innocence, cruellement. Plutôt fluet, elles eurent un jour la lubie de lui trouver une ressemblance avec une fille. Il ne pipait mot, jamais, lorsqu’elles l’agaçaient, elles purent donc coiffer ses boucles brunes et lui faire enfiler une robe sans trop de protestations. Il se disait seulement qu’au moins, ce serait plus vite fini – qu’elles fassent ce qu’elles voulaient, du moment que le soir, elles le laissent tranquille. Mais cet après-midi là, elles avaient invité leurs petites amies, et quelques garçons de leur classe. Parmi ceux-là il y en avait un que Tahir considérait comme son ami ; disons plutôt qu’ils pouvaient rester assis en silence côte à côte un long moment. Il leur était même arrivé de se retrouver à la tombée de la nuit pour aller regarder ensemble les étoiles, là où les lumières du quartier n’aveuglaient pas trop le ciel.

Ce ne fut rien d’important, un jeu d’enfant. Puisque Tahir était nouvellement une fille, n’est-ce pas, il convenait qu’elle soit mariée, et ce garçon avec qui « elle » semblait si bien s’entendre serait son mari. Le gamin sembla trouver la chose fort réjouissante, et demanda la jolie fiancée en mariage. Rouge de honte, l’enfant travesti ne s’entendit répondre qu’un bégaiement ; et tous les autres d’éclater de rire, et son cher promis aussi bien que les autres, qui hoquetait, hilare, en se demandant qui voudrait prendre pour femme un garçon déguisé en fille.
Le soir, Tahir téléphona à Isidore, et le supplia de venir le chercher. Son tuteur en fut déconcerté, bien sûr, mais il ne discuta pas, et vint le chercher le lendemain dans la journée. En résulta pour le gamin une haine farouche pour Edwin, les filles et les garçons qui se déguisaient en fille. Etait-il idiot de s’être laissé entraîner là-dedans… Il s’en voulut pendant des années, même une fois que les souvenirs de cet évènement eurent été embrumés par le passage du temps. La leçon était retenue.

Les séjours en famille d’accueil, une fois cet épisode passé, furent de plus en plus courts – quelques mois tout au plus. Tahir ne se montrait guère agréable, et allait le plus souvent possible rendre visite à Isidore, pour l’aider à s’occuper des clandestins qu’il prenait en charge. Il ne se liait plus à ceux qui l’hébergeaient, non pas par souci de ne pas souffrir lorsqu’il les quitterait, mais seulement par pur instinct. Les années passèrent vite, sans autre rythme que les périodes auxquelles Isidore devait s’absenter plus longtemps pour fuir les autorités. La police d’Edwin devenait de plus en plus insistante.
Le vieil homme finit par revenir chercher son fils adoptif, pour l’emmener avec lui. Le laisser en arrière, et devoir revenir le voir au même endroit trop souvent, était devenu bien trop dangereux. Il l’installa à Cybèle, dans l’une des nombreuses demeures troglodytes qui trouaient la falaise d’une montagne. Il fallait s’enfoncer loin dans la nature, et les forces de l’ordre n’avaient aucune autorité dans ce quartier. C’était le meilleur endroit.

Tahir l’aima immédiatement. Il avait treize ans lorsqu’il emménagea à cet endroit, dans un immense appartement de pierre, vivant avec une petite communauté de réfugiés placés là par Isidore. L’absence de monde lui convenait, et, surtout, l’absence de famille d’accueil. Il se tenait loin des filles, méfiants, et se montrait toujours aussi taciturne. Mais il aimait aider ces gens, accompagner son tuteur dans ses voyages lorsqu’il fut un peu plus grand, et, surtout, profiter du ciel étoilé si spécial à Cybèle. La technologie n’avait pas atteint ce lieu, et ne déteignait pas sur le ciel. Tout était parfait. C’est là qu’il grandit et se forgea. A dix-sept ans, il quitta la Cave, comme ils l’appelaient, pour s’installer dans une autre galerie non loin de là, moins en retrait dans la montagne. Manger, boire – tout était facile, tout était à portée de la main ; mais il fallait se battre pour l’obtenir.

A une heure de là, dans la huitième heure précisément, se trouvaient les chutes d’eau, un endroit propice aux poissons où Tahir aimait se rendre lorsqu’il n’accompagnait pas Isidore dans ses expéditions à travers les quartiers. Ce fut à cet endroit qu’il fut attaqué pour la seconde fois. Les monstres étaient deux sphinges, magnifiques, d’une beauté sculpturale ; elles le pourchassèrent toutes griffes dehors. Ce ne fut que par chance qu’il leur échappa ; leurs ailes ne leur servait à rien lorsqu’il s’agissait de rejoindre un réseau de galeries souterraines. Le lendemain, il fut malade ; il mit cette rencontre sur le compte de la fièvre, bien entendu, fermement persuadé que des êtres tels que les Monstres n’existaient en aucun cas – mais sa méfiance envers les femmes ne fit qu’augmenter. Après tout, les sphinges étaient des êtres féminins.

Des années passées à aider Isidore dans son activité clandestine, des années à franchir illégalement les murs des quartiers, si surveillés d’ordinaire. S’ils avaient choisi Cybèle, c’était aussi pour son absence de gouvernement, pour son éloignement de tout. Tahir apprit tout : les moyens de passer, les endroits cachés et les portes dérobées, les façons qu’il y avait de contacter des personnes de confiance. Le jeune homme suivait son aîné, âgé de soixante ans à présent, dans la voie qu’il avait choisie. Les mystères de la Tour, la vie de ceux qui tentaient d’échapper ou de tuer les Monstres, ils ne s’en préoccupaient pas. Si Isidore se montrait méfiant envers « tout cela », comme il disait parfois, Tahir n’y croyait tout simplement pas. Pourquoi craindre ce qui n’existe pas ?
A mesure pourtant que le temps passait, son regard se tournait vers deux points qu’il n’aurait jamais cru regarder – c’était le sommet de Migdal et l’horizon. De la Tour, quelle vue il aurait sur les Etoiles, dépassant tous les nuages de la civilisation… Et l’horizon, l’horizon qui, sûrement, n’était pas de Point du Monde, mais de l’extérieur. Lui qui avait passé tous les murs, passer celui-ci–



Que sait-il des évènements surnaturels de Point du Monde ? ♦ Il n’en sait que ce que les légendes en racontent, et n’y accorde aucune foi. Il faudrait être une vieille fille naïve pour y croire. Il y a bien, pourtant, quelque chose, quelque chose qui n’est pas normal – appelons ça un malaise. Mais ce malaise est seulement dû à l’absence de porte de sortie. Comment lui, citoyen du Point du Monde, pourrait-il le quitter ? Et cette impossibilité lui laisse le seul véritable doute quant à de possibles évènements surnaturels, mais il met un point d’honneur à les ignorer. Il n’y croit pas le moins du monde, et pas le moins du monde n’a envie de commencer.
Que sait-il du monde extérieur ? ♦ Il sait qu’il existe, ce qui est déjà beaucoup en soi. Isidore lui a dit que le mot « monde », dans Point du Monde, signifiait un tout bien plus grand que les quatre Quartiers qu’il connaît – et si Isidore l’a dit, ce doit être vrai. Il répugne à y penser, tout comme il répugne à accorder foi aux étranges récits mentionnés plus haut, mais il ne peut pas s’empêcher d’en rêver. Pas pour voyager, ou pour voir du pays, mais simplement pour ficher le camp.
Que sait-il des Élus ? ♦ Rien du tout. Bien sûr, il connaît leur histoire supposée, mais pour lui, de telles personnes n’existent pas. Migdal, la grande tour au milieu du lac, n’abrite rien d’autre qu’une école prestigieuse, tout le monde le sait. Les racontars qui mentionnent des anges toujours jeunes l’agacent plus qu’ils ne le font rire. Cela dit, étant donné la réputation de la Tour, il s’en tient à l’écart presque instinctivement, et n’a jamais cherché à prouver ses convictions. Qui n’ont d’ailleurs aucun besoin d’être prouvé tant elles tombent sous le sens.
A-t-il déjà été attaqué par des Monstres ? ♦ Étonnamment, oui – étonnamment, parce que l’on pourrait penser qu’après avoir été victime d’une attaque, il se serait montré un peu plus malléable concernant ses convictions. Mais ce serait sous-estimer son obstruction d’esprit. Il a été chanceux, et n’a eu que deux rencontres de ce genre.
Croit-il aux Monstres ? ♦ Définitivement, non.


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Erwan Keyster


Erwan Keyster

Messages : 158

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MessageSujet: Re: Tahir | Run&Hit - 100%   Tahir | Run&Hit - 100% EmptySam 25 Aoû - 4:51










Félicitations !
~ Fiche validée


Tahir n'a pas changé un poil ♪ Notre homophobe misogyne est désormais un citoyen officiel de Cybèle =D
Rah, j'ai hâte de pouvoir aller le taquiner héhé.

Bon jeu, sur Horatius Island o/
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Tahir | Run&Hit - 100%

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