Emily M. Tyr
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| Sujet: The Girl Next Door Lun 5 Nov - 10:16 | |
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Dernière édition par Emily M. Tyr le Lun 5 Nov - 11:13, édité 13 fois |
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Emily M. Tyr
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| Sujet: Re: The Girl Next Door Lun 5 Nov - 10:20 | |
| Iron & Wine - Dream Fever
Elle ouvrit la porte, lentement, les doigts refermés autour de ses clefs. Elle se serait affalée dans son entrée si Shadow n’était pas venu l’accueillir, la queue fouettant l’air et ses pupilles brillant dans le noir. De la main, elle lui fit le signe de reculer, le temps qu’elle referme la porte, dépose ses clefs dans un panier posé sur une armoire. Elle laissa enfin tomber son sac à main sur le sol et s’accroupit pour caresser son chien, le prendre dans ses bras et le cajoler comme s’il était le seul homme au monde qui ait la moindre importance pour elle : ce qui était le cas.
« Toi aussi tu m’as manqué mon amour. Tu as faim ? »
Elle se redressa, les jambes endolories, puis retira son bonnet et le posa sur l’une des branches du porte-manteau, retirant sa veste par la même occasion. Elle se serait bien ravisée, tant l’appartement était glacial, mais l’animal qui lui courait dans les pattes lui promettait en quelques sortes de nombreux câlins réchauffant auxquels elle ne pourrait pas dire non. Trainant les pieds, elle se laissa guider par son chien jusqu’à la cuisine où régnait une odeur de fleur d’oranger qui couvrait avec difficulté celle des clopes froides qu’elle fumait sous la hôte.
« Tch, attends, pousses-toi andouille. »
D’un doigt sévère pointé vers le chien, elle lui intima de s’écarter de l’armoire où elle rangeait ses croquettes et prit le paquet pour lui en servir une grosse gamelle. Cela fait, elle put enfin se diriger vers les thermostats et augmenter la température de son appartement. Tandis que le chien l’avait délaissée pour se sustenter, elle retourna dans l’entrée pour se déchausser et resta un instant sans bouger, savourant la chaleur qui émanait du parterre. Les canalisations passaient toujours par le sol et elle appréciait l’hiver en partie pour ça. C’était si agréable qu’elle se décide à s’asseoir par terre, le dos collé à une plainte en bois qui délimitait la zone entre le salon et la cuisine. Elle songea à se relever, allumer la lumière, faire quelque chose de motivant. Mais la fatigue et le froid la rendaient toujours morose et seules les caresses de Shadow, ses léchouilles et ses câlins pourraient lui rendre ne serait-ce qu’un fin sourire. D’ailleurs, comme s’il était capable de ressentir ses pensées, il quitta sa gamelle – sans doute avait-il fini – et vint s’asseoir à côté d’elle, la tête dressée pour quémander quelques caresses sous le museau. Cela dura une dizaine de minutes, avant que le chien ne craque et ne s’allonge complètement, la tête posée sur les genoux de sa maîtresse. Et à cet instant précis, Emily craqua. Elle enfuit son visage dans les poils longs de son chien loup, se laissa pleurer, se laissa aller. Le silence de la pièce la plongeait dans un état de tristesse insondable. Ce soir, elle ne mangerait pas. Tout au plus, elle se ferait un thé avant de s’asseoir dans son canapé devant une émission stupide animée par un animateur tout aussi stupide. Ou devant un vieux dessin animé, quelque chose de stupide qui ne la ferait pas pleurer encore. Elle se sentait trop seule, avait besoin de compagnie et Shadow, malgré tout sa bonté, n’était pas encore doté de la parole.
« Allez viens, on va dormir au salon aujourd’hui. »
Elle se releva du sol, quitta son cocon de chaleur et essuya ses larmes avec ses manches, imprégnant le vêtement blanc de son maquillage noir. Elle n’oserait pas se regarder dans un miroir ce soir. Par chance, l’animal la reconnaissait, malgré ce masque sombre qui étirait davantage ses traits et il la suivit en battant de la queue jusqu’au salon, grimpant sur son canapé tandis qu’Emy prenait place ans le sien en allumant la télévision. Elle s’endormit là, au bout de deux heures d’un programme des plus insignifiants dont elle ne se souviendrait peut-être pas le lendemain. Sa tristesse, par contre, ne s’oublierait pas si facilement. |
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